Publié le 23/03/2023
Quelles tendances retenir de la consommation à domicile en 2022 ? Retrouver les principaux résultats du panel Kantar pour Unilet.
Face au contexte inflationniste, les consommateurs ont adapté leurs comportements d’achats et rationné leurs dépenses alimentaires. Ces arbitrages sont plus favorables aux légumes en conserve qu’aux légumes frais ou surgelés.
L’inflation a marqué l’année 2022 et poussé les consommateurs à modifier leurs comportements d’achats en réduisant les dépenses jugées non essentielles, telles que les achats de vêtements et les sorties au restaurant. Pour leurs courses alimentaires, les Français ont géré leur budget « au jour le jour », avec des visites plus fréquentes en magasin mais des caddies moins garnis. Pour limiter la facture, ¾ des consommateurs ont également opté pour des produits moins chers, ce qui s’est traduit par une baisse de gamme, une préférence pour les marques distributeurs au détriment des marques nationales, et une recherche de promotions. Enfin, les Français ont réduit leur consommation de produits frais.
Les contraintes de temps et la recherche d’économie, qu’elle soit énergétique ou financière, ont encouragé les ménages à moins cuisiner et à privilégier des solutions de repas pratiques. Ainsi, les seuls rayons qui croissent en volume en 2022 sont le traiteur libre-service et l’épicerie salée, dont les offres sont perçues économiques et pratiques. On note aussi l’évolution de la composition des menus vers un plat unique plus riche, avec moins de protéines animales et davantage de féculents. Le gratin de pâtes, 3e plat salé consommé par les Français, est celui qui progresse le plus en 2022.
Sur l’année 2022, l’inflation sur les légumes en conserve (+18%[1]vs 2021) et surgelés (+14%) a été plus importante que celle observée sur l’ensemble des produits de grande consommation (+6%), ou encore au sein des rayons épicerie salée (+8%) et surgelés(+9%). Cette augmentation des prix s’explique par la hausse des coûts de production aussi bien à l’amont qu’à l’aval de la filière : matières premières, énergies et emballages.
En 2022, le marché des légumes en conserve retrouve des couleurs, en volume (+ 2,5 % vs 2021) comme en valeur (+ 7 % vs 2021), et affiche même des performances supérieures à celles de 2019, année de référence pré-covid. Il totalise 683 000 tonnes ½ brut, soit un gain de presque 9 millions de boîtes 4/4 par rapport à 2019, et un chiffre d’affaires de 1,3 milliards d’euros. Cette croissance est portée par un prix moyen en hausse, des ménages qui sont venus plus souvent en magasin et des paniers plus remplis avec ces produits. La hausse des achats s’explique aussi par les qualités intrinsèques des légumes en conserve : des produits économiques à longue conservation. Toutes les catégories de consommateurs contribuent positivement à la croissance de ce marché, à l’exception des familles.
Au sein de la gamme des légumes en conserve, ce sont surtout les « poids lourds » du rayon qui enregistrent des gains en volume (+ 4 % vs 2021). Le maïs doux, porté par un été très chaud, est le champion de ce regain d’attractivité avec 1 million de nouveaux foyers acheteurs en 2022. Les petits pois, haricots beurre et macédoines recrutent également des consommateurs qui achètent davantage et plus souvent, ainsi que de nombreux autres légumes.
Les « légumes secs » en conserve, qui regroupent les pois chiches, les lentilles et les haricots secs, croissent en valeur mais baissent en volume (- 1 % vs 2021), pénalisés par une perte de clients et des consommateurs qui en achètent moins. Les légumes « divers », majoritairement constitués d’asperges et autres conserves importées (cœur de palmier, soja…) sont de nouveau en retrait (- 2 % en volume vs 2021).
Côté distribution, la plupart des circuits sont bien orientés, notamment les hypermarchés qui regagnent du trafic en 2022 et se maintiennent sur 50 % de marché. À l’inverse, les enseignes discount sous-performent, en raison d’une fréquentation en baisse et d’une forte hausse du prix moyen.
Les marques nationales comme les marques de distributeurs (MDD) contribuent à la croissance du marché des légumes en conserve. Dans un contexte d’inflation, les consommateurs se sont davantage tournés vers des MDD économiques dont les volumes ont augmenté de 8 % par rapport à 2021, contre seulement 1 % pour les MDD classiques.
Sur l’année 2022, le marché des légumes surgelés enregistre une baisse de 7 % en volume et de 4 % en valeur par rapport à 2021. Ces résultats sont également inférieurs aux performances de 2019, année de référence pré-covid. Après deux années de forte consommation, les légumes surgelés subissent le contre-coup du stockage opéré durant la crise covid mais également d’un effet météo, l’été chaud de 2022 ayant davantage favorisé le rayon des surgelés sucrés (sorbets et crèmes glacées). Ce repli est ainsi en phase avec le recul du rayon des surgelés salés (- 6 % en volume) où toutes les catégories sont pénalisées. Les légumes surgelés ont toutefois un peu mieux résisté, comparés aux pizzas (- 23 %) ou aux produits de la mer (- 13 %).
La décroissance des achats de légumes surgelés résulte d’une perte d’acheteurs, d’une fréquentation en baisse et de paniers mois remplis avec ces produits. Ce recul est observé dans toutes les catégories de population et s’avère encore plus marqué pour les familles.
Toutes les familles de légumes surgelés enregistrent des pertes en volume, en particulier les mélanges qui n’ont jamais été aussi mal orientés (- 9 % en volume), avec une importante perte de clients (- 673 000 foyers en 2 ans) et une baisse d’attractivité sur tous les types de mélanges. Le segment des légumes cuisinés est également moins consommé (- 7 % en volume), à l’exception des purées qui sont stables en 2022. Bien que plus résistants, les mono-légumes sont en baisse (- 5 % en volume vs 2021) et seuls les haricots plats, les poireaux et les carottes attirent de nouveaux acheteurs.
Le repli du marché pénalise tous les circuits de distribution. On note néanmoins que les achats dans les enseignes discount réussissent à se maintenir grâce au recrutement de clients. Quant aux marques, seules les MDD économiques tirent leur épingle du jeu, favorisées par la recherche de petits prix pour faire face à l’inflation.
Après des années de croissance, la consommation alimentaire en bio marque le pas et enregistre un recul général des ventes (- 8 % en 2022 par rapport à 2021). Dans un contexte inflationniste fort, les consommateurs se tournent vers des produits bon marché et délaissent l’offre bio aux prix plus élevés. Le segment du bio fait par ailleurs face à une concurrence démultipliée des autres labels et mentions : les signes de qualité et d’origine (AOP, IGP, label rouge), les mentions « sans », le nutriscore, ou tout simplement l’achat local plutôt que bio.
La consommation de légumes bio surgelés suit la même tendance, avec un fort ralentissement des volumes achetés en 2022 (- 8 % par rapport 2021) tandis que les légumes bio en conserve semblent mieux résister (- 2 %). Reste à voir comment ce segment évoluera dans les prochaines années, sachant que la conjoncture économique constitue un frein majeur.
En conclusion, l’année 2022 restera marquée par le retour d’une inflation record, qui s’est montrée encore plus forte sur les produits alimentaires, amenant les consommateurs à devoir arbitrer en faveur de produits moins chers, voire « déconsommer ». Dans ce contexte, les légumes en conserve et surgelés demeurent pertinents et répondent pleinement aux attentes des Français, que ce soit en termes de maîtrise du budget alimentaire, de bénéfices sur la santé, ou encore de praticité grâce à leur longue conservation et leur temps de préparation réduit.
[1] Panel IRI France – L’inflation est calculée sur un panier de produits identiques entre l’année 2021 et 2022
